29-10-21
« On dirait le sud » Chez… Aurélie BENOIT, artiste design textile, créatrice de Collectà.
Un intérieur 100% authentique, rempli de pièces chinées chargées d’histoire(s) et de fabrications maison. Tel est l’univers d’Aurélie Benoit, inspirante designer dont les délicates créations nous transportent instantanément au bord des Calanques. Chaleur et douceur garanties.
Chez Nesty Living, nous aimons commencer par nos interviews en demandant à nos interlocuteurs de se raconter un peu. Aurélie, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?
Je suis artiste et designer textile, créatrice du projet Collectà, une collection de linge de maison fabriqué avec des tissus recyclés. J’ai travaillé pendant près de 15 ans dans la mode.. Comme chef de produit puis styliste pour différentes marques. Je suis originaire de Beaune, en Bourgogne. En 2017, je visitais la ville pour voir si je pouvais m’y projeter. Il se trouve que je suis tombée amoureuse de la cité phocéenne et de sa lumière… mais que j’y ai aussi rencontré mon amoureux, un marseillais habitant à Paris ! Je l’ai donc rejoint dans la capitale. Nous y sommes restés 4 ans, puis le confinement nous a amenés à rejoindre le cabanon de famille de mon conjoint. Et nous sommes finalement restés à Marseille…
“La cité phocéenne m’a beaucoup inspirée. L’environnement naturel magnifique des Calanques a été le point de départ de Collectà”.
Parlez-nous de votre projet, Collectà : de quoi s’agit-il ? Quelle est votre ambition avec ce beau projet ?
Collectà signifie collecter en provençal. Je chine beaucoup, depuis des années, toutes sortes d’objets et de vêtements, mais aussi des tissus. J’ai eu envie de retravailler des tissus récupérés pour proposer des histoires de coton et de lin qui ont traversé le temps. Je redonne une seconde vie à des draps issus de trousseaux vintage, en les ornant de motifs naïfs et évocateurs. J’utilise une technique ancestrale, l’appliqué : il s’agit de découper puis de coudre un motif sur un support textile.
Comment cette idée a-t-elle germé ?
Ce projet est vraiment né de ma rencontre avec la cité phocéenne. Nous avons passé, mon conjoint et moi, les deux confinements dans un petit cabanon, une ancienne cabane de pêcheur, aménagée dans les Calanques de Marseille. C’était le calme absolu. Nous avons même aperçu des dauphins, des renards, des sangliers… Cet environnement naturel magnifique m’a beaucoup inspirée et le confinement m’a offert le temps de créer. Cela a constitué les prémices de mon atelier de design textile. En quittant paris et mon poste de styliste, je souhaitais en effet redonner du sens à mon activité, en proposant de l’artisanat fait main et en m’éloignant du vêtement et de ses contraintes pour aller vers l’art de vivre. Après avoir réalisé une première commande pour un ami, il y a 6 mois, je ne me suis plus arrêté de créer.
Pourquoi un tel succès si rapidement, selon vous ?
Marseille à le vent en poupe, en particulier depuis la pandémie. L’univers méditerranéen retranscrit dans mes oeuvres parle aux gens, je pense… Il faut dire que Marseille est la ville de toutes les libertés ! Il n’y a qu’à voir la circulation : Certains n’hésitent pas à emprunter une troisième file pour aller chercher du pain (rires) ! Ensuite, j’ai eu la chance d’avoir rapidement une commande pour Made in design, du Printemps Haussmann, en plus de demandes de particuliers. J’espérais de la magie autour de ce projet mais j’avoue que maintenant je me suis prise au jeu.
“Toute cette douce nostalgie du passé me nourrit”.
Sur votre compte Instagram, avec ces photos sublimes des couleurs du sud, il est clair que vous avez un réel goût du beau. D’où vient ce regard si affûté de la mise en scène ? Comment le nourrissez-vous, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Je pense, un peu comme nous tous, de mon enfance. Je suis très curieuse depuis toute petite. Mes parents ont toujours cultivé cet esprit de découverte des beaux lieux, des monuments. Mon père était décorateur dans l’événementiel, il fabriquait des maquettes. Le voir travailler de ses mains m’a marquée. Je passais aussi beaucoup de temps à explorer les armoires de ma mère, de ma grand-mère, qui gardait tout précieusement. Je regardais tous les détails de broderie. Aujourd’hui encore, je me documente beaucoup dans les images du passé : les livres de design, les albums de photos de famille, ou encore les films de la nouvelle vague de Godard. Toute cette douce nostalgie me nourrit.
Vous avez, avec votre activité, l’ambition d’agir dans une démarche responsable et durable : pourquoi est-ce important pour vous ? Est-ce aussi comme cela que vous voyez l’architecture et la décoration intérieure ?
Cela vient de mon expérience dans l’univers de la mode. Je ne voyais plus ma place dans une industrie qui gaspille et pollue, en décalage complet avec ma façon personnelle de consommer et mon environnement. Je voulais inscrire mon travail dans une démarche durable et authentique pour que mes valeurs s’incarnent dans ma vie personnelle comme professionnelle. La chine, c’est ma passion depuis 15 ans. Je ne m’habille que comme cela, j’y passe tout mon temps libre. C’était donc naturel pour moi de faire de l’upcycling le coeur de mon processus de création. Et évidemment, mon intérieur est à cette image ! Rien n’est neuf, chez nous, ni le mobilier ni la décoration, à part quelques livres et notre lit, que nous avons d’ailleurs pris soin de sourcer pour vérifier son impact environnemental. Avec mon conjoint, lui aussi reconverti dans le design responsable, nous avons trouvé un extraordinaire terrain de jeu pour nos passions communes du vintage et la création artisanale.
“Depuis deux ans, on sent un véritable foisonnement culturel à Marseille. J’adore notre quartier, le Camas, et son ambiance de petit village”.
Qu’avez-vous trouvé dans cette nouvelle vie marseillaise ?
La proximité avec la nature, tout en restant dans un cadre urbain avec une belle énergie créative. Depuis deux ans, on sent un foisonnement culturel à Marseille. Et puis, les loyers sont moins chers, la vie est douce, grâce à notre proximité avec la nature dont beaucoup d’artistes peuvent avoir besoin pour s’inspirer. Je trouve que les connexions entre les gens se font aussi plus rapidement, tout comme le réseau professionnel. J’aime aussi énormément la mixité qu’on retrouve ici et cet accent chantant…
Quel quartier vous attire particulièrement à Marseille ? Pourquoi ?
Je m’attache vite au quartier dans lequel je vis. Cela s’appelle Le Camas, un petit quartier tranquille avec une ambiance de village. Il regorge de petits commerces de proximité, d’anciennes boucheries et boulangeries, de jolis cafés et de restos sympas qui viennent tout juste d’ouvrir, comme la brûlerie Möka.
Je sais que vous venez d’acheter un appartement ? Comment allez-vous l’interpréter ?
Il se situe dans un immeuble des années 50, dont nous souhaitons conserver les caractéristiques et l’histoire, tout en apportant une touche contemporaine. Les sols d’origine constituent la base autour de laquelle nous baserons nos recherches en matière de décoration : carrelage porphyre moucheté 10×10 et parquet damier. Cela s’incarnera aussi dans le choix du mobilier, qui se portera très certainement sur des pièces vintage en noyer aux lignes droites et fuselées typiques de cette période. L’architecte française Charlotte Perriand, la designer irlandaise Eileen Gray, le Corbusier, entres autres, seront des influences qui guideront nos choix. Tout comme la céramiste Valentine Schlegel, la sculptrice britannique Barbara Hepworth m’influencent dans mon travail. Plus que tout, je souhaite un intérieur où la lumière joue un rôle central.
Quelle est votre pièce préférée ? Pourquoi ?
La cuisine ouverte sur la salle à manger. Nous sommes un couple d’épicuriens, nous adorons la gastronomie, nous aimons cuisiner, partager des moments de convivialité et de partage entre nous et avec la famille, les amis. N’oublions pas que je viens d’une région ou les repas durent des heures !
Tout dans Collectà inspire la douceur, la quiétude, l’art de vivre : est-ce que ce sont des valeurs que vous voulez transmettre en effet à travers Collectà ?
Je n’avais jamais fait ce constat, mais je pense que oui, c’est lié à ma personnalité et à des valeurs importantes pour moi, qui créent un équilibre indispensable à mon quotidien. La transmission est fondamentale, aussi : j’aime chiner l’âme du passé pour ensuite créer des objets qui, chez mes clients, projetterons un peu de ce moment de vie dans leur intérieur.
- Quel est le bien immobilier de vos rêves ? un mas provençal, proche des Calanques de Marseille.
- Quelle ville vous a le plus séduit sur le plan architectural, et pourquoi ? Rome et son influence antique si forte.
- Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui recherche un bien ? Se fier à son instinct. Visiter le bien à plusieurs moments de la journée, la luminosité est un critère tellement essentiel !